vendredi 3 avril 2009

Noire d'ébène


Elle avait tout oublié, jusqu'à son père et tentait en vain d'ouvrir les portes de sa mémoire avec les clés molles d'hommes conquis. Conquis ? Encore un mensonge pour préserver son orgueil mais elle n'avait trouvé que ce moyen-là pour raviver ses souvenirs. D'ailleurs, elle s'essoufflait depuis quelques temps sans pour autant vouloir abandonner. Ce petit jeu devait pourtant prendre fin ... Pourquoi s'obstinait-elle à y voir son salut ? Rien d'autre qu'un mirage ! C'est tout ce qu'elle avait trouvé au fond de son trou. Et il fallait bien un jour se rendre à l'évidence que les reliques de sa vie n'étaient pas cachés derrière ce verrou.
Elle se prenait pour le passe-muraille, se faisait passe-messieurs et s'en sentait salie ... Il fallait qu'elle s'avoue vaincue, ce n'était définitivement pas un bon stratagème. Et quoique difficile, elle se devait de regarder dans le miroir même si elle devait y trouver la vacuité de ses désirs et de ses buts.
Elle tendit alors la main à son reflet qui la montrait petite fille, en robe colorée et les cheveux nattés, et passa au travers : le néant avait gagné du terrain et engloutit cette petite chose fragile et la conscience qui l'abritait.
Fantôme, la jeune femme s'est perdue dans les couloirs du passé où les tableaux de ses erreurs la huent et la conspuent.
Rien ne sert de courir, il faut choisir un saint ...
et s'y vouer.

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