jeudi 10 janvier 2013

Coeur mouillé au petrole


Le silence tue ... L'attente abime. L'inquietude pourrit.
Alice a l'impression qu'un acide la ronge de l'interieur, lui grignote les intestins, remonte jusqu'a la gorge qui s'asseche et s'etrangle.
La douleur de l'abandon n'est pas qu'une brulure qui parcourt le corps et l'aneantit.
S'y ajoute la sensation d'amputation ...
Se separer de l'homme qu'on aime, dont on est betement tombee amoureuse alors qu'encore une fois on savait qu'il partirait, provoque le manque, laisse un vide, dans le coeur, dans le corps, dans le lit.
On le sent encore un peu, vaguement, on se souvient qu'il existait, on le cherche a tatons, esperant que par magie, il reapparaisse.
Mais non, il est loin, il est parti, laissant Alice les bras ballants avec des reminiscences de caresses, de tendresse, de douceur et d'immortalite.
Alice erre, se sent mourir petit a petit, ne sait que faire pour effacer cette impression qu'elle sait pourtant ephemere. Car elle vivra ... elle ne mourra pas d'amour, ni de chagrin, ni de desespoir. Elle se raisonnera et plongera dans un bac d'eau glacee son coeur  qui s'est trop vite enflamme, comme a son habitude.
Le tenant dans sa pince, Alice le contemple. Il est bien laid avec toutes ces cicatrices de brulures et cassures subies ces dernieres annes. 1, 2,3, elle le baigne, le baptise dans la vasque cranienne. Le voila qui fume avec le bruit du gaz fuyant : Ppssshhh !
Alice soupire, Alice respire. Encore victime d'illusions, encore dupe de mirages ! A 30 ans, Alice est toujours la specialiste des combustions instantanees ... C'est le prix a payer pour toucher les cometes et collectionner les feux d'artifice.

dimanche 5 février 2012

Une nuit pleine de cometes


Il y a parfois de sourdes evidences ... Pas de grands panneaux clignotants, pas d interpellations, de cris, de fleches. Ce ne sont que des signes furtifs et fugaces qui passent. Presqu invisibles, on ne s y arrete pas, on les apercoit comme ca, et avec le temps, il y a des images qui se revelent et des sons qui resonnent. L echo est lent parfois ... Allez savoir pourquoi !

Et il y a les cometes qui, des qu elles apparaissent eclairent la nuit entiere, enflamme le corps, allume le coeur. Alice, le feu follet, s en consume toujours instantanement. Une seule etincelle et elle s embrase, oubliant raison, experience et le peu de sagesse qui lui reste. Elle le sait pourtant que la comete est passagere : elle fait l effet d un eclair qui eblouit puis s ecrase sur la terre, s eteint, se perd. En silence, s evapore ...
Alice, sans lumiere, se cogne, cherche ses reperes. Appelle ses souvenirs, les ecrit, les attise mais peine perdue, le ciel est noir, de nouveau pesant. Seule la musique de l etoile filante, toujours differente, toujours penetrante, se repete a l infini, The Bay, douloureusement ... et quelques mots aussi : les "je te l avais bien dit" ...
L habitude ne limite pas la casse mais accelere le deuil, inhibe un peu l espoir ... ou pas.

lundi 19 décembre 2011

Back dans les bacs

car le naturel revient toujours au galop ... je livre mes visceres mais n en demandez pas trop.
Alice expose aujourd hui le flou artistiquement onirique qui entoure son avenir : il y a toujours son profond desir de rentrer en France en prenant le transiberien, apres avoir visite une bonne partie de la Chine et surtout la Mongolie !
Elle s imagine rentrer a Paris toute degoutante apres au moins trois mois de voyage a la warrior, en ayant laisse tout le monde sans nouvelles pendant ce roadtrip initiatique.
Puis, elle profiterait un peu de sa famille et de ses amis, elle irait vivre un peu a Bordeaux avec son double, puis irait redecouvrir Paris, se gaver de cornichons, de vins et de fromage ...
Quand le vent soufflerait de nouveau, elle prendrait son baluchon pour vivre deux ans en Palestine pour enseigner le francais, toujours avec la DCC. Elle aimerait bien apporter son aide a une association qu elle connait et qui manifeste pacifiquement pour les droits des Palestiniens et de l Homme tout simplement. Elle ne peut pas vivre en Asie toute sa vie, elle a trop besoin d une culture qui lui ressemble plus avec du sang chaud, des mots, des debats, des idees ! Mais le Laos ... elle sent une force qui la pousse la-bas, pour ne faire elle ne sait quoi, elle ne sait ou, elle ne sait comment, mais elle ressent bien une alchimie particuliere qui la pousse a y retourner, comme celle qu on ressent avec quelqu un qu on aime bien mais qu on ne connait pas assez pour savoir si c est bien reel.
Puis apres deux ans, retour en France, et meme scenario qu avant, avec moins de jouissance car moins de frustration ...
Et apres, depart pour deux ans dans n importe quel pays d Amerique latine.
Puis ce sera fini pour le volontariat qui ne voudra plus d elle ... plus 6 ans se seront deja ecoules. Elle ira alors travailler dans une association qui bouge, qui bouillonne, qui donne, qui la fasse voyager, qui ait besoin de ses atouts recoltes au cours de ses multiples experiences, qui est loin des questions purement materielles et sans interet qu on force le monde a se poser. Elle vivra alors dans une roulotte car le simple fait de posseder la rend deja malade, tout comme accumuler des choses sans utilite.
L envie d etre nomade ... Ici, elle l est ... elle n est attachee qu a un engagement qu elle a pris mais c est tout, c est une ancre qu elle a choisie de poser, et elle peut donc partir quand bon lui semble, selon ce que sa raison, son ethique, son coeur lui diront de faire. Elle est legere et se satisfait maintenant de n importe quel petit voyage a 15 kms de chez "elle", par le simple fait d etre assise dans un songtheo pourri et bonde.
Enfin, secretement, elle a envie que ces projets restent lettre morte car elle reve surtout de trouver avant d etre vieille et moche (parce qu elle n est plus toute jeune !) un homme qui l aime et qu elle aime avec qui elle aurait plein d enfants, parce que en voyant ses petits bouts de chou d eleves, elle ne peut s empecher de vouloir les siens, de se voir enceinte et adopter des petits Laos et des petits Thais tout mignons mignons (AH ! les femmes et leur foutue horloge !!!).
Mais bon, elle sera toujours nomade et ils seront hippies. Ils vivront dans une roulotte, une vraie, en bois avec de jolies couleurs et un beau cheval blanc, et iront avec a Burning Man, parce qu ils habiteront aux Canada ou pres des grands lacs aux US, ou la ou le lapin l aura encore une fois menee ... cette Alice qui a Chanthaburi a trouve son terrier !

Petit conte futuriste en ombres chinoises

jeudi 6 janvier 2011

Petit monsieur n'a pas froid aux yeux

Monsieur Huré, 94 ans, ancien ambassadeur et bon écrivain, me raconte ses amours, ses voyages, ses baisers volés, ses conquêtes, ses infidélités. Il parle, parle, parle, avec son petit sourire qui le rajeunit de 60 ans. Un vrai jeune homme qui regarde mes grains de beauté et scrute mon décolleté. "On a envie de vous ... c'est certain ... On se demande dans quel hôtel on va vous emmener ..."
La vie semble facile pour lui, même si la vieillesse rend la chair plus lointaine. Ca ne l'empêche pas de la regarder, de l'admirer comme un collectionneur. "C'est beau une femme qui vous attend ... On rentre à la maison, on lui prend la main et elle vous donne le reste." Toutes ses histoires de sexe dans les maisons de l'ambassade, dans les trains avec des inconnues, avec de belles femmes de tous âges, de tous milieux, de toutes peaux, de tous yeux. Il cueillait de grands bouquets de jolies filles qu'il honorait fougueusement. "C'est tellement beau la passion ! Comment peut-on vivre sans ?"
Il me dit que je suis mignonne, jolie, me lance des regards enjôleurs, me fait rire, me fait rougir. Le vieux monsieur est drôle, fin, vif ... Il est plein de désirs, de rêves et d'envie ... A 94 ans, c'est un adolescent ...
Devant l'ascenseur, il avance ses mains, m'enserre le visage et m'embrasse les lèvres. Il ne manque pas de culot, mais a-t-il tort ?
Aimons passionnément pour un instant, pour de longues heures la nuit au coin du feu, sous les porches de vieilles maisons parisiennes, dans des manèges, sur la plage, dans des avions, dans un lit. Aimons, donnons, prenons, baisons ... sans complexe, sans remord, sans regret ... A tort et à travers, sans penser à demain, il faut se faire du bien et se donner beaucoup.

mercredi 29 décembre 2010

Contraste


Dans le froid de mon appartement, dans la chambre que je n'ai pas habitée, les sacs poubelles sont pleins, les cendriers aussi, les bouteilles beaucoup moins ... L'environnement est peu propice à un bel instant. Pourtant, nous parlons poésie, ma tête sur tes genoux, ta main dans mes cheveux ... Chaste moment jusqu'à ce que tu te penches et de tes lèvres douces et charnues, tu m'embrasses. Le sang afflue vite, mon ventre se tort un peu, je suis ravie. Lumière crue, parquet grinçant, pas de lit, pas de vêtements, nos corps s'enlacent ... de jolis moments à scruter tes tatouages, des sourires taquins, des regards chauds, une sorte de naturel apaisant qui me met en confiance et qui fait de ces quelques heures un petit bijou à ajouter à ma collection. Toi dans un état artificiel, moi totalement grisée sans doute, qui nous battons pour le plaisir, tout d'un coup, corps et âme à s'en brûler les genoux, à s'en meurtrir le dos, à en marquer la peau ... Je garde des bleus et des blessures sur mon corps tout doux qui me rappellent ce petit matin où, usés de ne pouvoir explosés, nous avons baissé les armes et nous sommes partis sous la neige, prendre le métro ligne 2, à glisser à chaque pas, pour enfin nous blottir dans un lit chaud, sagement.
Il y a des flashs qui restent ... je ne sais pas bien qui tu es, ce que tu veux. Je sais que je pars, que j'aimerais vivre deux mois tout contre toi ou un autre, qui m'aime juste pour ce laps de temps parisien, qui perd peu à peu de sa réalité. Je ne veux rien de grand, je veux de la simplicité, des minutes suaves et pastels avec des silences, de la neige, du froid et de l'ardeur ...
Tu m'as donné de beaux éclats de lumière dans une soirée qui révéla l'essentiel : que ma vie est belle et que je l'aime cette vie !

mercredi 22 décembre 2010

Ode à vous

Samedi 18 décembre,
Vous êtes là ...
J'avoue, je suis un peu ivre, mais ma joie est sincère, authentique.
Je suis sur un nuage, vous êtes là ...
Je réalise enfin l'essentiel : qu'importe la reconnaissance, pourvu qu'on ait l'amitié.
Connus cette année, il y a dix ans, il y a des lustres, vous avez fait de ma vie une collection d'instants magiques, de moments merveilleux, de rêves réalisés, d'autres seulement esquissés.
Vous allez me manquer.
Que vous soyez ceux à qui j'ai confié mes peines et mes joies, ceux que j'ai accueilli au creux de mes seins l'espace d'une nuit, ceux que je connais peu mais qui ont eu des mots qui m'ont tellement touchée que jamais je ne les oublierai, vous représentez ce que je suis maintenant, celle que j'arrive à aimer.
Vous êtes là ... Avec votre sourire, votre énergie et vos envies, vos désirs inassouvis, vos amours, vos échecs, vos amis aussi.
Vous êtes là et je vous aime. Vous êtes précieux. Vous êtes mon trésor qui ne m'appartient pas, qui s'éparpille et qui scintille par délà le monde.
Merci d'être là.

mercredi 8 décembre 2010

Is this it ?

La neige tombe ...
Nous sommes le 8 décembre 2010,
le jour de l'Immaculée conception ...
Paris joue à Marie, se drape de blanc, se refait vierge.
La ville se tait ... enfin.
Aujourd'hui, c'est mon dernier jour ...
Une petite mort ...
Une nuit sombre qui drape le soleil
Mon soleil ...
Tombera demain.

Mon marin s'en va ...
Encore.
Mon marin ...

Enfin doux et parfait comme je l'avais imaginé,
il s'en va, maintenant que je suis ligotée.
Aucun regret, je me suis donnée
J'ai tout tenté
Et,
Malgré tout, le vent l'a emporté.
L'appel de la liberté,
Comment pourrais-je ne pas le comprendre ?
C'est ce qui m'anime, c'est ce qui m'élève.
Nous avons au moins cela en commun.
Alors, je laisse s'éloigner ce beau rêve,
Vécu aussi intensément que mon être l'imposait.
L'ardeur me brûle de l'intérieur,
et demain, même si le noir cachera les éclaircies,
le feu brûlera toujours.

C'est mon marin ...
Le seul, le vrai.
Celui qu'il faut que j'arrête d'aimer ...
et pourtant ...