mardi 23 février 2010

Plus près du soleil



Alice glisse ... Le sourire jusqu'aux oreilles, le vent emmêlant ses cheveux, les yeux plissés par le soleil, les pieds mouillés, les mains bleues ... Alice rit, crie, chante, Alice roule sur la pente. Alice goûte à nouveau le souvenir merveilleux de son pays de paradis, où le silence règne, où le ciel a une couleur unique et des nuages oniriques, où la neige immaculée étincelle ... La lumière se reflète sur elle, elle rayonne, resplendit, qu'elle est belle, cette vie !


C'est la joie de l'innocence, où l'adrénaline explose dans la descente, où la neige amortit le choc et l'éclat de rire fuse ... L'écho n'attend pas et s'amuse, un, deux, trois rires éclatent et se répercutent de part et d'autre de la vallée.


Alice se laisse tomber dans la neige glacée, matelas si moelleux qu'il épouse son corps à la perfection ... Comme un amant qui l'enserre et l'embrasse, la neige la recouvre et l'enlace. Il ne manque plus que lui ... pour que la fusion soit parfaite, pour que le bonheur soit complet ... Alice murmure des messages enflammés que le vent lui portera, droit devant, tout là-bas ...


Alice est bien couchée à regarder en l'air, les nuages qui filent, les flocons qui tombent et les branches qui agitent leurs petits stalactites. Elle se ressource, recharge sa batterie et reviendra à Paris, trop vite, trop tôt, un peu triste, mais avec les joues roses et le désir intense de revenir sur cette terre chaude quoique givrée, où bientôt jonquilles, perce-neige et violettes s'ouvriront au pied des sapins et devant ses fenêtres.


Alice aime à corps perdu, son pays et son marin.

mercredi 17 février 2010

Lever le poing


Petit Saïd,

Tu es bien innocent pour un homme de 26 ans, tu aimes comme un enfant, avec les yeux écarquillés et beaucoup, beaucoup ... trop ... de ténacité.

Je t'aime bien, tu m'attendris, mais tu ne peux demander plus, c'est très beau d'être amis.

Puis il y a eu ce soir, où tu m'attendais, fumant ta clope innocemment , devant le Monoprix... J'allais chercher du vin, substance qu'il y a encore quelques mois tu ne connaissais pas. Je t'ai laissé donc pour faire mon marché, et quand je suis sortie, tu étais parti. Je ne t'en voulais pas, car tu aurais bien fait, il n'y a rien entre nous qui puisse arriver, de ce que tu imagines, de ce que tu voudrais ...

Puis je te vois descendre de ce camion, je me dis "Tiens, la télévision !". L'homme qui t'accompagne m'explique : "Désolée Madame, contrôle de police." Je suis choquée, gênée, sidérée, tu as failli être expulsé ... Comme ça, en un clin d'oeil ... On t'embarque, on te parque, puis on te jette dans un avion direction l'Egypte. Pas d'au revoir ... Juste, sans doute, un mail une fois retourné chez les tiens.

Mais pourquoi es-tu donc venu ? Qu'a donc la France pour que vous la vouliez tant ? Moins de travail ? C'est tout ? Vraiment ?

Ca me fait peur ce que tu dis ...
Quel est ce pays de liberté et d'égalité dont vous parlez ? Le mien ? Vous voyez pourtant bien que ce n'est pas le cas, qu'on vous inflige un triste sort et qu'on tombe bien bas. Que s'est-il donc passé pour qu'on en arrive là ? Je ne comprends plus, je ne comprends pas.
Ma terre est belle, je veux en faire le tour avant qu'on la détruise et je veux mettre ma pierre à l'édifice, je veux faire quelque chose de grand ... Je veux agir, oui, maintenant.
Pour toi Saïd et pour tes frères, qui sont tout autant les miens.

lundi 15 février 2010

Mes aveux


Tu es mon marin. Il faut bien que je l'accepte ... Tu es loin mais je suis liée à toi, je te veux et n'ai pas d'autre choix, que de t'attendre ... Et après tes mots, je ne peux qu'embrasser ce destin ...

Mais, sache-le, je ne serai pas femme de marin ... Je t'attends mais je te rejoins. Dans quelques mois, je traverserai l'Atlantique et arriverai directement dans tes bras. Je serai aux anges. Mon coeur battra la chamade, plus rien n'existera, à part toi ... à part nous, enfin.

Tu es mon marin.

Et aujourd'hui, je sais à quel point je t'aime, à quel point j'y crois, à quel point mon rêve n'était pas que fantasme ...

On ira je ne sais où, je ne sais comment, mais ce seront des jours magiques, loin de tout, droit devant, vers la beauté, vers les étoiles, vers les arcs-en-ciel, si chers à mon coeur, le vent dans les voiles ...

Je serai tienne, tout entière, car tu es mon marin, et je suis ta sirène.

Je t'aime ...

Ca sonnait encore étrangement il y a quelques semaines ... Je ne sais pourquoi ... mais aujourd'hui, tout est différent, je te manque ... Je le sais maintenant. Je t'aime. Tu ne peux imaginer combien. Je t'aime, mon lointain marin. Je t'aime ... car peu importe où tu es, je pense à toi, et j'espère tous les jours que tu me reviendras. Je t'aime, toi qui devais être my lightning love affair, voilà 8 mois que je ne pense qu'à toi. Tu m'as ouvert les yeux, tu m'as relevée, tu m'as dit de vivre et de m'amuser ... Je le fais, mais tu es toujours là. Je t'aime, tu le sais, n'est-ce pas ?

Mon idéal, mon marin, mon lointain, tu me manques autant que je t'aime.

jeudi 11 février 2010

Alice en noir


Je fais mon deuil. Je ne suis ni ta femme, ni ta mère. Tu n'es pas mon marin. Je sais. Mais je suis lasse, j'en ai assez.
T'attendre est trop dur.
Oh oui ! Dis-le ! Tu ne m'as rien demandé ! Mais ça n'empêche que je suis attachée, à toi, par un lien invisible que je voudrais couper mais que je ne trouve pas. Tu peux rire ... Tu n'as rien fait pour que je m'accroche à cette amarre que tu laisses traîner derrière toi. Je vogue grâce à elle, me prend tous les orages, les vagues m'assomment, l'écume m'aveugle et au lieu de me noyer, je tiens bon, bien accrochée au seul lien que tu m'as laissé. Tu me ramènes à toi, de temps en temps ... avec tes mots doux, que je chéris souvent. Tu en es avare, mais les rares que tu me donnes, je les porte en moi, tous les jours. Je les relis, je souris. Jusqu'à ce qu'ils soient trop usés pour que je réalise que tout est fini ... Ca prend trois jours, je crois. Trois jours d'euphorie, de sourires, de joie ... Après le manque revient, le vide hurle et je te cherche, je me souviens ... Piètre consolation. Je me souviens de ce beau voyage, de ces bonnes soirées, de ces nuits passées au creux de tes bras ... Puis, je me rappelle mon rempart, celui qui m'éloignait de toi, pour que justement, je ne souffre pas ... Ensuite, vient le souvenir de ta froideur, de ta distance, de ton indépendance ...
Et je me dis que le deuil doit être fait ... même si tu représentes tant pour moi, l'idéal en tout cas, je dois me noyer dans l'eau salée de la mer et retourner au rivage selon la volonté des marées. Je trouverai bien quelqu'un qui m'aime, quelqu'un qui restera près de moi, puis m'emmènera au bout du monde, sillonner les routes au gré du vent. On vivra d'amour et d'eau fraîche, car l'air pur ne nous suffira pas. Il me dira de belles choses, m'enveloppera de ses bras et ne me lâchera pas avant que le jour se lève ... Il croira que rien ne s'arrêtera, il me dira que je lui manque, même si je ne suis qu'à deux pas, il me prouvera que la liberté est aussi une aventure qui peut se vivre à 2. On sera ensemble, heureux.

Où es-tu, jeune homme ? Je veux savoir si tu es en vie ... Je m'inquiète pour toi, comme une mère ou une épouse ... mon marin ... Je veux savoir si tu vas bien, avant de te mettre dans la petite boîte à souvenirs nichée dans ma tête, pas loin. Je m'inquiète, tu sais, même si j'ai mis ton nom dans le mur des lamentations ... Je ne suis pas rassurée à l'idée de te savoir par monts et par vaux, loin de moi ... qui fais mon deuil ... bientôt.