mardi 13 juillet 2010

Et toujours une âme d'enfant

Me voici revenue au pays des merveilles, au pays de l'arbre creux qui s'ouvre sur tous les possibles, les idées, les rêves, la féérie. Me revoici au milieu de cette nature magnifique : les grands sapins qui dominent la montagne et marquent une frontière dentelée entre la terre et le ciel, les nuages aux formes multiples qui invitent toujours mon imagination à m'élever loin du sol, les fleurs belles et variées, mauves, roses, jaunes ou bleues, où les papillons après s'être coursés, se posent délicatement pour goulûment butiner ...


Que j'y suis bien, quand je marche suivant la rivière, sautant de pierre en pierre, ramassant des cailloux, faisant des ricochets, chantant comme une enfant des paroles anglaises insensées :
"it was so fine when I was nine, it was so great when I was eight ... why things have to change, it feels so strange, I want them to remain the same ..."


Puis, je m'assoie à la table de la véranda, prenant la main ridée de ma grand-mère. Elle commence à me conter ses amours, sa vie de mère, les traditions, les fêtes, la guerre, la vie au village, son métier d'institutrice. Je ne me lasserai pas de l'écouter. Elle est si douce quand elle me parle, les yeux remplis de larmes dès qu'elle évoque une amie partie ou ses nombreux défis ... On regarde les photos de classe, les portraits d'enfants, jaunis par le temps. On sourit en voyant ce sourire malicieux, ces yeux rieurs, ces visages si expressifs. Le poids de la guerre est toujours visibles dans le regard des adultes et des adolescents ... l'innocence n'est plus là, mais l'espoir résiste à tout, longtemps.

Dans mon petit paradis, je recherche mes souvenirs et les immortalise avec mon appareil, car tout change ici, pas trop vite encore mais comment sera ce village que j'aime tant quand j'aurais 40 ans ? Plein de maisons laides qui s'élèveront de part et d'autre de la route sinueuse, des réverbères à chaque virage, des magasins aux néons sauvages, des grandes affiches de publicité de part et d'autre des prés. Plus aucune vache dans les champs, plus d'oiseaux pour chanter, plus de serpents à attraper ...


On ne respecte plus rien. La fable de la petite maison va bientôt s'exaucer et je ne pourrais pas déplacer notre nid sur des roulettes au flanc d'une nouvelle colline ... Alors je déterre mes souvenirs, les dépoussière, les ravive, les colorie, pour les ranger dans une petite boîte, au coin de ma tête et apprécier désormais le vent de la nostalgie qui souffle ici et là dès qu'arrivent les bougies ... Bientôt 27 ans ...

vendredi 9 juillet 2010

Carpe diem, en été.


Elle se consume ... Que restera-t-il d'elle à la fin de l'été ? Un tas de cendres ... ? Non. Chaque année, Alice a le coeur en fête et le ventre en feu, l'espace d'un instant. Des crampes à l'estomac qui ne s'effacent pas avec un médicament, un mal de tête qui ne s'évanouit pas avec de l'aspirine. Pourtant c'est bien physiquement que l'attraction opère, la chimie devrait pouvoir éradiquer cela ...

Au printemps, cela commence, les filles sont des bourgeons, les garçons des bourdons ... et à l'été, elles éclosent, délicatement, de jolies fleurs dont les pétales s'égaillent sur leur deux fines tiges, dès qu'une brise souffle. Les garçons s'allument, les filles s'embrasent. L'été, soleil, terre, hommes, font du monde une résistance ...

Alchimie, sciences, métaphysique, tout se met en branle pour attiser les braises, recouvertes de cendres l'hiver. Il y a quelque chose d'extraordinaire, tout en étant si mathématique ... Alice y voit encore quelque chose de magique. L'idéal, la folie et encore l'euphorie !

Profitons donc, cueillons le jour, les filles, les garçons. Volons baisers et carresses, donnons-les à notre tour. Le manège bouge, la fête commence, l'explosion de couleurs fait vriller les sens.

Alice aime l'été et les cerises dans la bouche, elle jouit des vacances qui blondissent ses cheveux et font briller ses yeux.

jeudi 8 juillet 2010

Un bel âtre ...


Alice est folle ... Ce n'est pas une nouveauté, on le savait. Elle est belle et bien allumée, c'est normal, ça brûle à l'intérieur ... Elle est une sorte d'étincelle qui ne dort plus, ne mange plus, vit la nuit et dort le jour, boit beaucoup, fume autant, rêve d'euphorie et de chasser le temps ... Elle sait pourtant qu'il faut qu'elle se satisfasse de cette jolie vie qu'elle mène depuis un an. Mais elle est ivre, toujours, saoule de vin rouge et de martini ou grisée de liberté.
Elle veut ce bien rare et précieux et veut le faire durer tant qu'elle peut, éradiquer l'éphémère de son vocabulaire et vivre à jamais avec cette joie de vivre qui la fait sourire, sauter, danser, vivre à en perdre haleine et raison ...
Un regard lui suffit et elle est embrasée. Le manque y est sans doute pour quelque chose, l'alcool aussi est loin d'être anodin. Ce sourire, ses yeux perçants et chauds, presqu'incandescents qui la percent à jour, la déshabillent jusqu'à y voir le feu intérieur ... une soirée, et la voici déjà embarquée dans un flot de rêves, d'envies surtout, depuis longtemps inassouvis ...
Alice ... ton marin est bientôt devant toi ... Pourquoi fuis-tu maintenant ? Pourquoi cours-tu là-bas ? dans l'autre sens ...
Parce qu'il ne répond pas ... et parce que la peur est omniprésente, Alice ne veut pas se tromper à nouveau, Alice veut profiter mais elle veut surtout être aimée. Pas pour un soir, pas pour une nuit, pas pour sept ans, juste pour la vie.