mardi 30 mars 2010

Fin d'éternité


Le voeu d'Alice a été exaucé : elle ne traverse plus les miroirs, elle se les prend de plein fouet. Elle était sur un nuage se délectant d'eau de rose et du parfum des fleurs bleues ... mais ce délicat nectar et ce parfum délicieux ont une fin et Alice, du haut du ciel, tombe, dégringole et s'éclate la tête sur le sol.
Qu'elle était naïve en se mettant à nu ! Qu'elle rêvait en écrivant ces vers! Elle est bien embêtée maintenant que la réalité l'a rattrapée. A trop espérer, on en oublie de vivre ce qu'il y a du bon côté.
Elle s'est inquiétée ... pour rien. Il va bien. Tant mieux.
Adieu petit marin, tu fus un bel oasis pour l'assoiffée qu'elle était. Maintenant, par ton silence, elle a compris. Elle ne t'ennuiera plus, promis. Elle sera seulement l'amie, et s'en contentera car tu es trop idéal pour qu'elle tire un trait sur toi.
Alice fugue en suivant le lapin, celui de Pâques est en Turquie, le lièvre de mars étant parti.
Avril va s'ouvrir sur une jolie idylle, sans avenir mais qui restera au creux de son coeur, dans son souvenir, comme tout ce qu'elle a vécu en cette belle année, où le maître-mot était l'éphémère, car il n'y a plus d'éternité ...

lundi 22 mars 2010

Triste épiphanie


Alice sait.
Alice sait ce qu'elle est.
Rien.
Un spectre, un reflet.
Qui erre ...

Alice n'existe qu'à travers le regard des gens, les gens qu'elle aime, les gens importants, mais aussi ceux qui ne sont rien pour elle. Tout lui importe, tant elle est faible. Elle n'a aucune consistance. Elle a un corps mou et transparent qu'elle tente de remplir de mille et un sentiments, mais finalement, tout est factice, tout n'est que fabrication. Car Alice n'est pas Dieu, et donc pas de création ! Alors, elle confectionne à partir des regards, des paroles, des attentions, un être vide et creux où il y a de l'écho tant qu'on veut.

Alice est un homoncule et les larmes de cette révélation inondent son coeur artificiel. Ce coeur qu'elle peut abandonner, de temps en temps, sur le bas-côté, histoire de vivre un peu sans âme ni conscience, petits composants qui compliquent tout et dont elle cherche le sens ... encore et encore. Ecorchée vive sans coeur et sans essence, Alice se ment à elle-même, elle n'est pas en quête de sens, simplement de reconnaissance. C'est tout ou rien, et rien, surtout. Elle est tellement déboussolée dans ce monde à l'envers, qu'elle a déjà baissé les bras d'y trouver un endroit. Elle s'obstine à vivre, à trouver son bon droit mais c'est peine perdue, Alice pâlit, blêmit et s'évapore. Sans prise de risque et de choix, l'espoir tue. Son corps est mort, son coeur ne bat plus ?

Alice aimerait tellement se cogner dans les miroirs au lieu de les traverser ... Alice saurait alors qu'elle est. Alice a besoin de se voir, de s'aimer, Alice a besoin d'exister.

A cet âge, il est peut-être déjà trop tard ...

vendredi 19 mars 2010

Marasme


Y a-t-il un truc plus profond ? Une sorte de tumeur qui fait tout dérailler ? Un caillou dans une chaussure qui grossirait, un grain de sable dans le mécanisme qui rendrait tout bien compliqué ? Alice ne sait pas ... Alice a beau creuser à l'intérieur d'elle-même, a beau disséquer ses sentiments les plus secrets, a beau s'introspecter, ses questions restent sans réponse. Elle cherche un sens à sa vie ... Un sens qui lui permettrait de tracer une ligne, même floue, même difficilement visible, mais qu'elle suivrait pour arriver à l'oasis.

Mais existe-t-il ? Ne serait-ce pas un mirage qui la consolerait de tous les coups dans l'eau sans ricochet qu'elle s'évertue à donner ? Même ça, elle ne sait pas. Elle veut suivre une ligne, à défaut de lapin mais le noir a envahi l'espace et elle marche à tâtons, depuis bien trop longtemps maintenant. Elle a renié tous les guides, a fait fuir ses aides de camp, a coupé le fil d'Ariane qui la retenait à ce rêve, ce fantasme ...

Elle est là la réponse, dans l'irréalité de ses désirs. Elle veut une route mais elle n'a pas de destination. Alice a la tête à l'envers ... et celui du décor la terrorise, elle va fuir encore et encore, sans regarder où elle va, sans demander son chemin, elle suivra des petits signes et à nouveau se perdra. Tant qu'elle n'oublie pas où elle a laissé son écrin, tout ira bien ... L'espoir tient bon, il reste donc une lumière dans cette forêt glauque où tous les êtres les plus fous l'entraînent et la harcèlent.

"If you don't know where you are going, any road will take you there." Cette phrase lourde de sens l'a toujours rassurée, pourtant aujourd'hui elle la terrifie. Alice est bien seule aujourd'hui. La perte de sens isole, cherchez la camisole.

mercredi 17 mars 2010

Une tâche rouge


Elle avait la tête bien en fête le jour du concert de Tosta. Bu du vin à perdre l'équilibre, la mémoire et le sens commun. Mais finalement, malgré la tête en citrouille du lendemain, cette grande bouffée d'air frais l'avait requinquée. Oublier la vie, la nostalgie ambiante, le travail et son marin. C'était les bulles qui revenaient pétiller dans sa tête, redonner un coup de fouet à une déprime qui s'installait. Alice est entrée dans la forêt ... a rencontré un chat, à peu près aussi fou qu'elle mais qu'elle a envie de caresser, juste pour un moment donné, juste pour voir ce que ça fait, de vivre sans conscience, sans coeur, en toute indépendance.

A l'orée du bois, une petite chose humide palpite.

Mais dans 4 mois, il sera de nouveau bien au chaud, sous sa poitrine et battra pour toi, si tu veux bien, le rythme que tu auras sur les doigts.

Je n'oublie pas mais j'attends, avec pour seul moyen, le divertissement.

jeudi 11 mars 2010

Des chimères dans le café


Elle aime se réveiller le matin, regarder ses petits yeux bouffis et ses cheveux en épis dans la glace de la salle de bains. Avant de prendre sa douche, elle met de l'eau à chauffer, dans sa bouilloire toute cassée, puis entre sous la pomme, brûlante, en se massant de mûres. C'est le premier bonheur de la journée, celui qu'elle aimerait parfois partager. Mais c'est aussi son moment à elle, son préféré ... Déjà au son du réveil, elle apprécie ses petits plaisirs, ses rituels : elle s'étire, miaule et demande à Dieu de protéger son marin ... Toujours ses premières pensées sont pour lui, c'est comme ça ...

Et elle prend son café, encore à peine réveillée. Elle verse l'eau sur cette poudre qui remplissait son sac d'Islande, tourne le sucre dissous avec sa cuiller, et là, le miracle a lieu ... Des dessins se forment dans la mousse et s'envolent, envahissent le salon, tournoient autour de sa tête, ailés ... Pégases, phoenix, griffons et panthères, tout son univers s'éveille. Elle leur sourit aussi, chantonne une chanson qu'elle aime et choisit le jour qu'elle veut être. Aujourd'hui, elle sera le 1er juillet. On n'a pas eu de printemps cette année ... Mais bon, l'été promet d'être beau, les chimères lui ont soufflé.

Alice, le matin, traverse les miroirs avant de se confronter à la réalité ... celle qu'elle aime aussi, même si elle lui impose la patience. Mais elle se dit qu'elle vaut bien ça, la liberté !