jeudi 30 avril 2009

Aux anges ... d'H


Elles sont jolies ... C'est en premier ce que je me suis dit. Assises sur les bancs d'école, parmi les autres lambdas, chacune avait son style : la brune ténébreuse au nez percé, la blonde élégante, au coin des lèvres, ... un grain de beauté, la châtain délicate aux beaux yeux noirs maquillés. Elles semblaient inaccessibles avec leur regard fier et leur démarche assurée. Jamais je n'aurais crû que nous serions amies ... Je me sentais trop petite et bien trop différente ! Je voulais d'ailleurs être autre pour les approcher, je voulais me débarasser de cette image qui me collait à la peau : cette image de petite blonde catholique et lunaire.
Mais très vite, j'ai pu leur parler, les connaître et les aimer. Et, étrangement, elles aussi en retour ... sans que je change, sans que je me renie.

Aujourd'hui, nous avons bien changé. On se croyait déjà adultes quand sur les bords de Loire, herbe et alcool nous faisaient disserter ... Pourtant, nous n'étions que des bébés, des enfants empreintes de rêves, d'idéaux et d'espoirs qui côtoyaient nos désillusions, nos déceptions et nos ruptures. On riait autant qu'on pleurait, on aimait autant qu'on détestait ... Tout était noir et blanc à cette époque, mais on y survivait.

Aujourd'hui, nous avons bien changé. L'une est mariée et travaille à Wall Street, une autre est comédienne et actrice, une autre encore se prépare une brillante carrière d'avocate.

Nous sommes loin maintenant, chacune dans sa ville ou dans son pays. Nous sommes plus ou moins heureuses, nous avons réussi quelques choses, nous gardons des ambitions à réaliser, des désirs à assouvir, des problèmes à régler ... nous avons eu nos disputes et nos séparations, toujours violentes et animées, la mesure n'étant pas ce qui nous rapprochait.

Aujourd'hui, nous avons bien changé, nous sommes en tout cas toujours amies ... parce que c'étaient elles, parce que c'était moi.

Elles sont précieuses et même inestimables. Et sans elles, ma vie manquerait de saveur.
A la vôtre !

mardi 28 avril 2009

Singing in the rain


A Bourges, le temps est gris et pourtant les rues grouillent de monde et d'odeurs de chichis. La pluie me trempe jusqu'aux os. Heureusement, la liqueur sucrée au doux goût de cerise me réchauffe le corps et l'énergique As de trèfle m'insuffle une débordante énergie. Tout le monde saute devant la scène, mes poings en avant, telle un boxeur, je distribue les coups pour pouvoir respirer ... On tombe, on pousse, on se relève et on sautille, les bras en l'air, au son de la musique festive ... On n'oublie le froid et ses pieds trempés. Le naturel adolescent revient au galop ... Je ris, je scande, je crie, je trépigne, je vis tout simplement. La musique adoucit les moeurs, réchauffe les êtres transis et donne aux vieilles folles que je suis une nouvelle jeunesse. Le prochain printemps de Bourges sera sous le soleil ... ou j'emmènerai un parapluie.

lundi 27 avril 2009

La fin du mensonge


Le diagnostic est tombé.
Mademoiselle est inapte au bonheur.
Le coeur sec est fautif mais sa bêtise incurable est responsable.
Mademoiselle est inapte au bonheur.
Encore hier, elle arrivait à se persuader qu'elle changerait mais il faut se rendre à l'évidence, c'est une fatalité.
Mademoiselle est inapte au bonheur.
Elle aime trop les petits plaisirs, l'euphorie, le naturel adolescent pour apprécier à sa juste valeur ce que la vie lui offre sur un plateau d'argent.
Mademoiselle est inapte au bonheur.
Le lapin blanc est bel et bien parti. Alice a tué son alter-ego, a anéanti celle qui encore avait le choix de changer. L'imaginaire a pris la place de la vraie.
Mademoiselle est inapte au bonheur.
C'est un refrain, une ritournelle qui, sous le soleil, ne fondra pas. C'est immuable et gravé dans la roche.
C'est douloureux ... comme tous les adieux.

vendredi 24 avril 2009

Amélie Poulain vs Truman

Sur la colline, la vie est belle. Paris n'est pas Paris, ici. C'est une scène ou un plateau.
Les gens ? On dirait des personnages sortis d'un film avec leur visage original, leur discours récité et leurs habits qui se fondent dans le décor. C'est pittoresque mais irréel.
Pour preuve, il fait toujours beau sur la colline.
Tous les matins, derrière le Moulin rouge, le soleil pose ses rayons sur mon visage endormi. Je me réveille, ouvre la fenêtre pour regarder ce qu'aujourd'hui la vue réserve : le ciel a de jolies touches colorées et Montmartre en carton pâte se dessine au dessus des toits. Les voisins sont debouts, souriants : ils étendent leur linge, chantent en arrosant les plantes ou discutent en buvant leur thé.
Et moi de mon côté, telle un caméléon, je vire indigène. J'ai la maladie du bobo ...
Ca fait peur mais pas mal, tant qu'on ne se met pas à écouter Delerm ou à voter Bayrou.
Sur la colline, la vie est belle et l'espoir doux.

mardi 21 avril 2009

10 putes


Le temps d'une rixe ... elle se fixe. Puis court. Se casse. Se brise.

Une claque reçue et elle s'évanouit. Pour laisser place à la Vengeance, cet être mauvais et déterminé. Qui s'emplit de rancune. Laissant macérer quelques temps, pour maturation, fomente au mieux sa revanche. Puis, sournoisement, s'approche, devient tout miel, se déguise en habits d'avant ... Et jette son pardon. Balancé hypocritement, il a toujours un effet immédiat pourvu qu'on feigne le regret. La confiance acquise, tout est prêt.

Quand le vin est tiré, il faut le boire, dit-on ...

Ainsi, dès que le dos se tourne, on le poignarde ... avec rage, acharnement, car la promesse du centuple implique la hargne. Les dents et les poing serrés, la Vengeance esquisse son rictus, boit son lait et s'évapore.

Et celle qui s'était éclipsée devant l'être malveillant revient, contrite, petite, minuscule.

Le cercle est vicieux, la mort est le seul échappatoire ... ou bien ... faisons la paix.

vendredi 17 avril 2009

Joie


Il reste là ... dans un coin de ma tête. Il surgit de temps à autre, un peu flou. Je deviens myope de toute façon. Le souvenir s'estompe aussi, efface la sensation du désir et l'euphorie de l'instant. Sans les photos, il serait sans doute parti depuis longtemps mais je m'obstine à les regarder, caressant doucement le rêve de le revoir et de revivre le moment ... à l'identique.

M'y brûlerais-je les ailes ?
C'est certain. Pourquoi alors y songer ?
Au risque de tout gâcher ...
Pour l'éternel éclat de l'esprit maculé ...

La mémoire défaillante aura raison de ce souvenir, comme des autres d'ailleurs. L'oubli est l'assassin des erreurs du passé, des plaisirs interdits et des pommes croquées.
Pour la tranquillité du pécheur.
Pour celle que je suis.

mercredi 8 avril 2009

Le goût de la vie


L'amer au nord des réalités.
L'acide parallèle des mots jetés.
Le sucré en bas des baisers.
Le salé tout au bout de l'adrénaline.

La géographie de sa langue n'est pas complexe : il savoure l'existence en hédoniste. Quand il croque la vie, ses papilles vibrent et s'excitent, il se délecte de chaque instant. Toujours il englobe, avale et lèche. Toujours après avoir admiré la robe et apprécié l'odeur ...
Il aime la bonne chère ... française, indienne, italienne, pourvu qu'il y ait des épices et de la légèreté.
Il la saisit, "la saisonne" ... et ajoute du piment dès que vient l'ennui. Puis, il la prend, la malaxe, la fatigue. Il sait y faire, il est doué.

D'ailleurs, l'eau bout, la cocotte siffle, le four est chaud.

Le chef se lève de table, passe sa belle langue framboise sur ses babines et rallume une blonde. Quand le soleil se montre et que les fleurs éclosent, le chef a toujours de l'appétit ...

vendredi 3 avril 2009

Noire d'ébène


Elle avait tout oublié, jusqu'à son père et tentait en vain d'ouvrir les portes de sa mémoire avec les clés molles d'hommes conquis. Conquis ? Encore un mensonge pour préserver son orgueil mais elle n'avait trouvé que ce moyen-là pour raviver ses souvenirs. D'ailleurs, elle s'essoufflait depuis quelques temps sans pour autant vouloir abandonner. Ce petit jeu devait pourtant prendre fin ... Pourquoi s'obstinait-elle à y voir son salut ? Rien d'autre qu'un mirage ! C'est tout ce qu'elle avait trouvé au fond de son trou. Et il fallait bien un jour se rendre à l'évidence que les reliques de sa vie n'étaient pas cachés derrière ce verrou.
Elle se prenait pour le passe-muraille, se faisait passe-messieurs et s'en sentait salie ... Il fallait qu'elle s'avoue vaincue, ce n'était définitivement pas un bon stratagème. Et quoique difficile, elle se devait de regarder dans le miroir même si elle devait y trouver la vacuité de ses désirs et de ses buts.
Elle tendit alors la main à son reflet qui la montrait petite fille, en robe colorée et les cheveux nattés, et passa au travers : le néant avait gagné du terrain et engloutit cette petite chose fragile et la conscience qui l'abritait.
Fantôme, la jeune femme s'est perdue dans les couloirs du passé où les tableaux de ses erreurs la huent et la conspuent.
Rien ne sert de courir, il faut choisir un saint ...
et s'y vouer.

jeudi 2 avril 2009

L'automate écrit


Elle foule,
refoule,
se défoule.
C'est un peu ça sa vie en ce moment.
Une marche,
une fuite
et une débandade.
Une équation selon laquelle :
2 jours de bonheur,
1 de déprime
et 4 de plaisir.
Que vaut donc X ?
1, 2 ou 3 ?
ou autre ...
Est-elle autre ?
Où est autrui ?
aux truies ...
Facile.
Elle vit de schizophrénie et de vin rouge.
Et ne s'en sort pas si mal.
L'expérience le prouve.
Ou pas.
Rideau.