C'était le bon moment, le vrai, celui qu'on saisit car il ne se présentera pas deux fois ... même si on est un champ de ruines, un coeur explosé en plein vol, des miettes sur un parvis d'église picorées par des pigeons affamés.
C'était le bon moment, alors que ça ne faisait qu'une semaine qu'elle était à terre, piétinée, ignorée ... salie ... qu'elle ne présentait aux autres qu'un sourire de circonstances, que des yeux mouillés, cernés et un corps efflanqué.
Pourtant, c'était le bon moment ... Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas, c'était comme ça. Tout bêtement.
Qu'aurait été cette nuit si la belle avait été heureuse, aurait-elle vu son regard, aurait-elle senti son désir, serait-elle tombée, aurait-elle sauté ? ou l'avenir qui lui tendait les bras aurait tout effacé, dissimulé ...
Et ce mois de bonheur, d'euphorie, ce voyage de féérie, ces rencontres, ces souvenirs, tout cela n'aurait jamais existé si le moment avait été mauvais, s'il avait eu lieu quelques mois plus tôt, quelques jours plus tard ...
Le moment c'est l'instant, l'étincelle, l'éclat, l'éclair ... C'est la seconde qui fait que tout bascule, que la vie prend une autre saveur, un autre parfum ... C'est la minute où dans les yeux de l'autre le monde s'est évaporé pour qu'il ne reste qu'elle, à contempler.
C'est le sursaut, le réveil, la résurrection ... Le tournant, le virage, le changement de cap.
Celui qui fait dire n'importe quoi, afin d'expliquer la mort et la réincarnation d'une jeune femme en fleurs de feu.
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