mercredi 17 février 2010

Lever le poing


Petit Saïd,

Tu es bien innocent pour un homme de 26 ans, tu aimes comme un enfant, avec les yeux écarquillés et beaucoup, beaucoup ... trop ... de ténacité.

Je t'aime bien, tu m'attendris, mais tu ne peux demander plus, c'est très beau d'être amis.

Puis il y a eu ce soir, où tu m'attendais, fumant ta clope innocemment , devant le Monoprix... J'allais chercher du vin, substance qu'il y a encore quelques mois tu ne connaissais pas. Je t'ai laissé donc pour faire mon marché, et quand je suis sortie, tu étais parti. Je ne t'en voulais pas, car tu aurais bien fait, il n'y a rien entre nous qui puisse arriver, de ce que tu imagines, de ce que tu voudrais ...

Puis je te vois descendre de ce camion, je me dis "Tiens, la télévision !". L'homme qui t'accompagne m'explique : "Désolée Madame, contrôle de police." Je suis choquée, gênée, sidérée, tu as failli être expulsé ... Comme ça, en un clin d'oeil ... On t'embarque, on te parque, puis on te jette dans un avion direction l'Egypte. Pas d'au revoir ... Juste, sans doute, un mail une fois retourné chez les tiens.

Mais pourquoi es-tu donc venu ? Qu'a donc la France pour que vous la vouliez tant ? Moins de travail ? C'est tout ? Vraiment ?

Ca me fait peur ce que tu dis ...
Quel est ce pays de liberté et d'égalité dont vous parlez ? Le mien ? Vous voyez pourtant bien que ce n'est pas le cas, qu'on vous inflige un triste sort et qu'on tombe bien bas. Que s'est-il donc passé pour qu'on en arrive là ? Je ne comprends plus, je ne comprends pas.
Ma terre est belle, je veux en faire le tour avant qu'on la détruise et je veux mettre ma pierre à l'édifice, je veux faire quelque chose de grand ... Je veux agir, oui, maintenant.
Pour toi Saïd et pour tes frères, qui sont tout autant les miens.

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