jeudi 11 février 2010

Alice en noir


Je fais mon deuil. Je ne suis ni ta femme, ni ta mère. Tu n'es pas mon marin. Je sais. Mais je suis lasse, j'en ai assez.
T'attendre est trop dur.
Oh oui ! Dis-le ! Tu ne m'as rien demandé ! Mais ça n'empêche que je suis attachée, à toi, par un lien invisible que je voudrais couper mais que je ne trouve pas. Tu peux rire ... Tu n'as rien fait pour que je m'accroche à cette amarre que tu laisses traîner derrière toi. Je vogue grâce à elle, me prend tous les orages, les vagues m'assomment, l'écume m'aveugle et au lieu de me noyer, je tiens bon, bien accrochée au seul lien que tu m'as laissé. Tu me ramènes à toi, de temps en temps ... avec tes mots doux, que je chéris souvent. Tu en es avare, mais les rares que tu me donnes, je les porte en moi, tous les jours. Je les relis, je souris. Jusqu'à ce qu'ils soient trop usés pour que je réalise que tout est fini ... Ca prend trois jours, je crois. Trois jours d'euphorie, de sourires, de joie ... Après le manque revient, le vide hurle et je te cherche, je me souviens ... Piètre consolation. Je me souviens de ce beau voyage, de ces bonnes soirées, de ces nuits passées au creux de tes bras ... Puis, je me rappelle mon rempart, celui qui m'éloignait de toi, pour que justement, je ne souffre pas ... Ensuite, vient le souvenir de ta froideur, de ta distance, de ton indépendance ...
Et je me dis que le deuil doit être fait ... même si tu représentes tant pour moi, l'idéal en tout cas, je dois me noyer dans l'eau salée de la mer et retourner au rivage selon la volonté des marées. Je trouverai bien quelqu'un qui m'aime, quelqu'un qui restera près de moi, puis m'emmènera au bout du monde, sillonner les routes au gré du vent. On vivra d'amour et d'eau fraîche, car l'air pur ne nous suffira pas. Il me dira de belles choses, m'enveloppera de ses bras et ne me lâchera pas avant que le jour se lève ... Il croira que rien ne s'arrêtera, il me dira que je lui manque, même si je ne suis qu'à deux pas, il me prouvera que la liberté est aussi une aventure qui peut se vivre à 2. On sera ensemble, heureux.

Où es-tu, jeune homme ? Je veux savoir si tu es en vie ... Je m'inquiète pour toi, comme une mère ou une épouse ... mon marin ... Je veux savoir si tu vas bien, avant de te mettre dans la petite boîte à souvenirs nichée dans ma tête, pas loin. Je m'inquiète, tu sais, même si j'ai mis ton nom dans le mur des lamentations ... Je ne suis pas rassurée à l'idée de te savoir par monts et par vaux, loin de moi ... qui fais mon deuil ... bientôt.

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