Il est là, sur son lit, le sourire aux lèvres. Il s'était endormi, faisait sûrement un joli rêve, et s'en est allé, laissant s'envoler les 21 grammes qui n'ont pas laissé d'adresse ... Il semble serein, ses cheveux blancs se fondent sur son oreiller, sa couverture bleue le recouvre jusqu'au cou, comme s'il s'était doucement emmitouflé, sentant le froid de la mort le geler avant de l'envahir ... Qui sait ?
Moi, sur le seuil de la porte, je le regarde, attentive. L'atmosphère est paisible, je suis rassurée. Je crois qu'il dort et sur la pointe des pieds, je viens l'embrasser ... Petite bouche toute chaude sur le marbre de sa peau. Mes larmes n'ont pas coulé, du moins je ne m'en souviens pas. Il avait l'air si calme et tranquille et les torrents des autres suffisaient peut-être. Et puis, c'était un peu une grande poupée de cire, avec ses lèvres roses et sa toison immaculée que je venais serrer une dernière fois avant de la placer dans la vitrine des souvenirs ...
Plus de mémoire, que des histoires ... racontées pour donner quelques souffles de vie à un passé aboli. Je cherche, je tâtonne et j'invente un peu pour combler ses vides. Ces vides qui brouillent la piste du lapin, qui en dissimulent les indices et les traces ... Il y a sûrement dans ma tête un loup qui les croque et qui creuse la matière ... qui ne tient pas à ce que j'attrape celui qui détient les clés ... Qui sait ?
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