vendredi 22 octobre 2010

Homoncule


J'ai cru que tu étais là ... que tu n'aimais pas trop la vie que je menais, mais que tu résistais parce que tu t'apprêtais à expérimenter, dans quelques longues années, les mêmes désirs, les mêmes envies, les mêmes excès.
J'étais terrifiée à l'idée que tu fusses réel, car tous ces projets que je m'apprêtais à concrétiser auraient été ruinés. Adieu les voyages, adieu les soirées, adieu la mission en Thaïlande, adieu la vie annoncée ...
Mais toi, toi, tu aurais tellement compté, je t'aurais tellement aimé ... Je t'aime d'ailleurs déjà alors que tu n'existes pas. Je t'en aurais aussi voulu de m'attacher à cette vie que je fuis, de m'ancrer dans ce confort qui ne me sied plus ... mais tu aurais incarné cette joie de vivre, ce rire innocent qui éclate souvent, ce petit être qui m'aurait donné tout ce qui me manque maintenant, quelqu'un qui m'aime inconditionnellement. Je t'aurais chéri, et on serait partis ... oui, nous serions allés vivre à San Francisco ...
Nous aurions été tous les 2, seuls au monde.
Je t'aurais parlé de ton père comme d'un aventurier, un homme irrésistible qui aimait trop sa liberté. Tu l'aurais admiré, j'en suis sûre, et tu ne lui en aurais pas voulu parce que plus tard, tu aurais été comme lui, un homme aux semelles de vent ...
Mais, égoïstement, je t'aurais donné un petit coeur mouillé qui palpite, et appris le respect pour celle qui t'aime, même si tu n'aurais pu lui offrir rien de plus que ton évanescence. Tu aurais été parfait, libre, curieux et généreux ...

J'ai fait de toi un homoncule, tu n'existes maintenant plus dans mon ventre mais dans ma tête ... et tant mieux, soyons sérieux ... Mais bon, voilà déjà 7 ans, que j'écrivais à toi ou à ton frère, et c'était déjà merveilleux ... Un jour, dans 7 ans peut-être, vous serez là et promis, on sera trois.

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